Projet « P9 »

Onze clichés prouvent l’existence de la vie ailleurs dans l’univers.

Des Nouvelles de P9

Six ans après le black out total, l’équipe du commandant Sir Spiegel nous offre la découverte du millénaire. Les images exclusives sont à découvrir au Restaurant du lac d’Arbaz, jusqu’à août 2017.

11 janvier 2077, la mission d’exploration « Univers infini » fait halte sur le neuvième planète du système solaire pour recharger ses batteries hydropulsées. La présence d’eau y a été détectée vingt ans auparavant. C’est la première fois que l’homme pose pied sur son sol. L’événement est retransmis en direct sur les télépathiphones du monde entier, synapse 1000.1.10.1000, lorsque la navette pénètre l’atmosphère et dévie de sa trajectoire de 17 degrés Nord. Prise dans une tempête magnétique à plus de trente milliards de kilomètre de la terre, la transmission est compromise. Six ans plus tard, la base de contrôle de Houston reçoit onze clichés et des bribes de pensées qui permettent de reconstituer le périple du commandant Sir Spiegel et de son équipe.

SEULS
Désormais livrée à elle-même, la navette traverse une zone de turbulences. L’atterrissage est tout aussi difficile. Elle heurte le fond d’une vallée de montagne. Une fois immobilisée, l’agent télépathopérateur se met sans plus attendre en méditation à la recherche d’une fréquence vers la terre. Les autres enfilent leur combinaison et se préparent à sortir examiner le vaisseau. Un moteur a grillé dans la descente et un aileron s’est plié. Le plus gradé fera le premier pas historique. Il a répété mille fois la phrase légendaire. Son second enregistre une vidéo mentale du moment. Quand sa semelle foule le dernier échelon, il ne peut que lancer un cri ! Il n’y a pas un mais deux soleils qui rayonnent comme un clair de lune. Il foule la planète, inspecte ses capteurs – ils virent tous au vert.

Il  enlève son casque et sa cagoule. L’air est sec. Il fait ni chaud, ni froid. Il est le premier homme à respirer ailleurs que sur terre. Probablement, le premier être vivant sur cette planète de roches et de glaces. Ses équipiers le rejoignent et tous oublient un instant l’urgence de la mission et les problèmes mécaniques. Ils sont soudain bien mieux que des pionniers, ils sont des conquérants arrivés en terre promise. L’ingénieurdinière pense selon le PH ambiant que tomates, poules, maïs et blé s’épanouiront sans peine. Elle a bien assez de compost infrarouge pour lancer l’exploitation. Ils installent le camp. Grâce au recyclage des urines, les colons ne manqueront jamais d’eau, mais pour développer les cultures, les besoins seront exponentiels.

EXPLORATION
Trois jours se sont écoulés, suppose l’équipe de Sir Spiegel. Les soleils ne se couchent jamais, mais par deux fois, le ciel s’est assombri et les montagnes luisaient dans le noir. Au quatrième jour, le commandant décide de partir en exploration avec le télépathopérateur pour tester d’autres fréquences et trouver de la glace. Ils montent dans les sommets. Ils escaladent des cols. Toujours aucune connexion avec la terre et toujours de la roche à perte de vue, quand soudain, au coeur d’un vallon, il repère une tâche plus sombre à perte de vue. Un lac ? Un fjord ? Ils n’étaient plus à une surprise près. La télépathopérateur attrape soudain le bras de Spiegel qui s’arrêt net. Il pointe du doigt l’horizon. Il jure apercevoir un serpent gigantesque sortir des flots.

Le commandant ne voit rien. L’autre insiste et il rit ! Ce doit être le Loch Ness, s’exclame-t-il. L’agent enregistre son souvenir et le range en envoi prioritaire pour analyse. Houston tranchera. Ils touchent les rives. Cette partie-là au moins n’était pas un mirage ! Les capteurs indiquent que l’eau est non seulement de l’eau, mais qu’elle est riche en minéraux aussi. Ils s’y baignent et la boivent jusqu’à plus soif. Soudain, des poissons nagent dans leurs jambes. Ils brillent blancs par centaines. Leur tête se compose d’un oeil unique et disproportionné renfermant du feu. Les hommes bondissent et se précipitent en direction de la plage quand ils aperçoivent une horde de pingouins débouler en courant. Ils ont cette même sphère enflammée en lieu et place de faciès.

Les deux hommes sont pétrifiés. Les volatiles plongent de tous côtés et poursuivent leur route sans les remarquer. Ils sortent du lac, s’asseyent sur la plage. Il ne devait y avoir que de la roche, de la glace et un air vicié. Ils sont essoufflés. Epoustouflés. Ces animaux ressemblent tellement à ceux qu’ils connaissent et pourtant tous les distinguent de tout ce à quoi ils auraient pu s’attendre. Ils s’endorment au pied d’un rocher peu rassurés. Au matin, une famille de cervidés remonte la côte adjacente. Ils décident de longer l’eau en direction de l’horizon. Ils en sont sûrs maintenant : c’est un fjord. L’agent jure avoir aperçu un individu de forme humanoïde plus haut dans les falaises.

Le commandant bougonne. Il ne manquerait plus qu’une espèce intelligente ! Ils approchent de la mer qui s’ouvre bientôt à l’infini, mais bien avant, jusqu’à un phare… Ils décident d’aller le visiter, mais soudain un bruit sourd frappe les airs. Non loin, sur la plage deux extra-dinosaures se dressent. Après un instant de stupéfaction totale, ils courent sans réfléchir en sens inverse : ils sont gigantesques. Comme le bateau amarré dans la crique suivante et les maisons qui la bordent. Elles sont espacés les unes des autres par des dizaines de mètres. Le commandant et le télépathopérateur entre dans le village. Le dernier cliché que nous avons reçu est celui d’un humanoïde dressé devant eux. Seront-ils vivants dans sept ans lors de la mission de sauvetage décidée par Houston ?